Message par Jean-Michel Lourtioz
L'exemple de l'Île de Pâques illustre la tragédie que peut connaitre une population vivant sur un territoire fermé lorsque celle-ci surexploite les ressources naturelles de ce territoire. Bien évidemment, la surexploitation de ressources naturelles se produit aujourd'hui encore sur de nombreux territoires et dans de nombreuses régions du monde, mais dans un contexte d'échanges commerciaux, qui rendent parfois moins directement perceptibles les effets de la surexploitation à l'échelle globale. Ainsi, l'exploitation à outrance de la forêt amazonienne, sa destruction progressive, pourrait être perçue comme une opportunité pour des populations d'agriculteurs au Brésil (ce que prétendent tout au moins les grands propriétaires terriens et le Président Jair Bolsonaro) alors qu'à long terme elle est une menace pour toute l'humanité.
Pour répondre à votre question (existent-ils de moyens pour lutter contre la surexploitation ?), je prendrai le premier exemple de la leçon sur la pêche à la morue. En 1992, pour faire face à la disparition progressive du stock de morues sur Terre Neuve et le Labrador, le gouvernement canadien a fixé un moratoire "draconien" sur la pêche à la morue, éliminant du coup un emploi traditionnel pour 30 000 personnes ... on réalise ainsi qu'il n'est pas simple de prendre de telles mesures si on ne les accompagne pas d'une politique de reconversion avec création d'autres activités dans les régions touchées. Après cette décision, la situation s'est sensiblement améliorée, mais depuis 2017, on assiste à nouveau à une stagnation du stock de morues, car les quotas de pêche ne sont pas toujours bien respectés par les pêcheurs qui ont gardé leur activité. Prendre des décisions politiques concertées, fixer des quotas sur telle ou telle exploitation de ressources naturelles et faire en sorte que ces quotas soient respectés sont donc des moyens nécessaires à mettre en œuvre, mais ceux-ci doivent être mis en place conjointement avec des mesures sociales d'accompagnement.