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Les débats qui alimentent la communauté scientifique pour la compréhension de leurs objets se retrouvent en prise directe avec l’action publique : de deux conceptions du fonctionnement du monde par les scientifiques peuvent découler deux politiques publiques aux fondements très différents. Par exemple, la politique de trame verte et bleue s’appuie essentiellement sur les résultats de l’écologie des paysages mettant en évidence la nécessité de relier différents objets paysagers par des corridors pour permettre les déplacements de certaines espèces (entre leurs différents lieux de vie et de reproduction). Cependant, une autre conception des continuités existe, où l’accent est mis sur la perméabilité du paysage dans son ensemble. Cette conception est particulièrement pertinente dans les milieux méditerranéens, tandis que la première est très instructive en milieu agricole, quand les espaces « naturels » sont plus rares.Ces relations entre science et décision ne sont pas propres à l’écologie et aux questions environnementales. Si nous nous concentrons dans le module DEBA sur celles-ci, c’est, comme pour l’introduction à l’écologie qui a lieu en début d’année, que les milieux naturels et anthropisés sont in fine le « réceptacle en dernier ressort » de l’action humaine et sont donc un lieu d’expression fort des tensions autour de l’environnement.Les travaux en sciences sociales ont contribué depuis une trentaine d’année à remettre en cause le modèle technocratique de la décision publique (où celle-ci serait principalement informée par la connaissance) et le modèle linéaire de l’expertise (où celle-ci serait principalement le résultat d’une commande des pouvoirs publics envers des sachants à même d’apporter les réponses aux questions posées). Il existe des enjeux politiques à la production des savoirs, et les décisions politiques influencent la production des connaissances. Certains auteurs parlent alors de co-production des savoirs scientifiques d’une part et de l’organisation des sociétés d’autre part (Jasanoff 2004), ou encore de « savoir-pouvoir » (Foucault) pour parler du lien étroit, voire de l’indissociabilité de ces deux concepts.Selon Granjou et ses collaborateurs (2010), l’environnement est souvent cité comme l’exemple d’un secteur d’action publique marqué par une forte demande d’expertise dans un contexte d’incertitude prononcée des savoirs (Theys et Kalaora, 1992 ; Callon, Lascoumes et Barthe, 2001) : à l’instar du domaine de la santé publique, il se distingue de secteurs plus « routinisés » dans leurs modalités d’expertise et de gestion, comme par exemple celui de la sécurité routière. Il diffère en revanche du secteur sanitaire par la multiplicité des dispositifs d’organisation de l’expertise que l’on y rencontre. Alors que dans l’action publique sanitaire, le recours aux savoirs a été nettement organisé et uniformisé sur le modèle des agences à la suite de crises et scandales récents (Granjou et Barbier, 2010 ; Benamouzig et Besançon, 2005), le recours aux connaissances pour l’action publique environnementale semble se caractériser par la coexistence de différents dispositifs parfois anciens et parfois beaucoup plus récents, dans une sorte de foisonnement expérimental.
Année: 24/25
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