Proposition d'évolution de la formation L2 D S2

Afin de gagner en cohérence et de rendre les étudiant.es plus acteur..ices de leurs apprentissages, j'envisage de transformer la séance en simulation de rédaction (rédaction constituée), afin de mieux foncer les apprentissages sur les pratiques informationnelles en général, tout en abordant par la bande la question du plagiat et de la citation mais sans en faire le nœud de la séance.

Objectifs d'apprentissages visés

Les objectifs d'apprentissages principaux de cette séance en rédaction constituée pourraient se formuler de la manière suivante :

- Définir le concept de fake news

- Enumérer les principaux critères d’une source fiable

- Evaluer la fiabilité d’une source en fonction des critères de fiabilité

- Lier la pertinence d’une source à ses besoins de recherche

Structure de la séance

La séance se composerait de cinq temps :

1)    Un temps d’accueil de 5 minutes durant lequel le formateur.ice/maître.sse du jeu explique précisément ce qu’il va se passer durant la séance, laisse les étudiant.es se constituer en groupes de 4-5 personnes, présente les outils à disposition (plusieurs ordinateurs allumés et connectés, de quoi écrire). A ce moment, le jeu n’est pas commencé.

2)    Un temps d’installation du jeu de 10 minutes : le formateur.ice incarne un.e responsable de rubrique police-justice d’un titre, un événement important vient de tomber et il faut boucler d’ici 45-50 minutes. Le formateur.ice montre une vidéo/photographie, éléments d’information peu précis et contextualisé issus de l’actualité réelle (à condition qu’ils soient suffisamment ancien pour avoir généré beaucoup d’information). On doit avoir autant d’éléments qu’il y a de groupe, c’est-à-dire 3 éléments à faire traiter.

Le responsable de la rubrique présente les outils dont les étudiant.es doivent se saisir, tout particulièrement, accessible sur les ordinateurs disponibles, un modèle de rubrique imitant grossièrement une page de journal.

Le top est donné, il ne reste plus que 45-50 minutes pour boucler.

3)    Le temps de travail en petit groupe de 45 minutes. Les étudiant.es doivent remplir le modèle qui se comporte comme une consigne. Il doit être construit de manière à ce que les étudiant.es se rendent compte des éléments nécessaires à la construction d’un article, tout en restant proche des enjeux bibliothéconomiques.

4)    Un temps de restitution des groupes (avec une règle assez lâche des 180 secondes, comptant donc environ 3min par groupes, environ 15-20 minutes). Durant lequel chaque groupe, à tour de rôle, présente aux autres le modèle complété en insistant sur les 4 points de la consigne. L’intérêt de la restitution n’est pas de corriger, mais de présenter et argumenter de manière synthétique sur les choix d’angle et de mots-clés, de détailler, toujours de manière synthétique, la méthode de sélection des 3 documents, et de montrer que la formulation du chapô répond effectivement à l’exigence des 5W.

5)    Un temps de débriefing avec le.a formateur.ices (environ 30 minutes) qui apporte quelques éléments plus théoriques en lien avec ce qui a pu se dérouler durant la phase de groupe. Un support est ensuite mis à disposition des étudiant..es. Les éléments abordés, à la fois dans le temps de reprise en main et dans le support mis à disposition, doivent être d’ordre pratiques et méthodologiques :

a.     Vérifier une information par la méthode du recoupement

b.     Déterminer la pertinence d’une source (notamment avec les 5W ou la méthode QQOQCP)

c.     Reconnaître une source fiable avec un certain nombre de critères objectifs

d.     Nommer différents types de médias

Impact sur la motivation, et les apprentissages envisagés

Actuellement, la séquence entière étant obligatoire et notée (l’étudiant.es obtient 0 s’i.el ne se rend pas au cours), la principale source de motivation est externe à la formation elle-même, ce qui peut rendre le moment désagréable pour tous.tes les participant.es. Passer d’un format relativement magistocentré (mais pas entièrement magistral) à un format relativement pédocentré (mais pas complètement autonome), par le biais d’une simulation ou d’un jeu de rôle paraît un compromis intéressant, vue le temps imparti aux formateur.ices et aux étudiant.es.

La simulation a pour objectif d’augmenter l’autonomie des étudiant..es durant le temps de travail de groupe : i.elles, tout en étant tenu.es par le temps, sont libres de s’organiser comme i.elles le souhaitent, de se répartir des rôles, des tâches, libres de commencer par n’importe quelle étape, et libre de se tromper. L’exercice en lui-même est assez court (du moins pour un.e étudiant.e confirmé.e ou un.e bibliothécaire) et doit donc pouvoir être facile à achever malgré d’éventuelles fausses routes.

Cela doit permettre aux étudiant.es de réussir l’exercice, tout en passant par les étapes classiques et attendues d’une recherche documentaire de niveau premier cycle : interrogation concernant l’angle à privilégier (étape indispensable en EMI ainsi que pour tout travail universitaire de type composition ou mémoire), recherche préliminaire pour faire le tour rapide d’un sujet, élaboration d’une stratégie efficace de recherche, sélection des sources selon des critères bien établis et conscientisés.

La simulation peut ne pas être trop convaincante, les étudiant.es doivent pouvoir faire le lien entre ce qu’i.elles font durant la séance et ce qu’ils sont amené.es à faire durant leurs études. Le rôle du formateur.ice peut être alors de les accompagner en leur rappelant de fonder leur méthode d’investigation sur des habitudes qu’i.elles ont dans la vie de tous les jours et sur des éléments vus en cours. A ce titre, il peut être intéressant de savoir ce qui a été vu en cours en termes de méthode de recherche. Une variante de la proposition, qui demanderait un travail de recherche et de formation supplémentaire aux formateur.ices (mais qui serait très intéressant), consisterait en l’élaboration d’un point de doctrine (comme un commentaire d’arrêt) dans les même conditions, c’est-à-dire sous la forme d’une rédaction constituée d’une revue hebdomadaire en droit telle que l’AJDJ. A mon sens, il serait alors impératif de bénéficier du soutien actif des équipes pédagogiques pour tutorer les bibliothécaires, légitimer la formation et réfléchir à la pertinence pédagogique de l’exercice.

Il est difficile de préjuger de l’intérêt que les étudiant..es pourront trouver à simuler une salle de rédaction. D’une part, un élément important doit être le choix des sujets sur lesquels ils et elles doivent travailler. Un soin tout particulier doit donc être apporté par les responsables pédagogiques de la séance sur ce point. D’autre part, si le sujet n’éveille pas d’intérêt, le travail de groupe peut le faire : l’émulation, la discussion peuvent amener les étudiant.es à s’engager dans l’activité. L’idéal visé pour cette séance serait bien sûr fondé sur ces éléments auxquels s’ajoutent l’intérêt pour le fond pédagogique transmis : les étudiant..es doivent pouvoir établir un lien entre la simulation et leur vie étudiante et tenter d’étoffer leurs pratiques informationnelles.

Enfin, si une séance reste souvent fatigante pour la formateur.ice, on peut imaginer qu’elle sera moins répétitive et moins lassante à la longue. Si l’engagement des étudiant..es est accru, qu’i.elles réussissent la petite épreuve qui leur est proposée, la formateur.ice sera plus disponible cognitivement pour accompagner, écouter et guider les étudiant.es de la manière la plus bienveillante possible. Le travail de groupe ainsi que les restitutions laissant un espace assez important d’expression pour tout le monde, selon ses moyens et son état de fatigue (la séance se situe quelques semaines avant la fin du semestre 2, les étudiant.es sont épuisé.es).

Il est assez difficile d’évaluer les effets d’une telle transformation sur l’acquisition des compétences informationnelles et la construction d’une média littéracie chez les étudiant.es : les bibliothécaires ne les voient plus dans ce contexte après cette séance. Il serait malgré tout intéressant de pouvoir avoir l’avis des équipes pédagogiques sur la qualité de certains travaux rendus avant et après cette séquence pédagogique.