Impact de la pollution sur la biodiversité

Photo Christian MOUGIN
Directeur de Recherche INRAE, Laboratoire ECOSYS, Pôle Ecotoxicologie INRA, Centre de Versailles-Grignon
Temps estimé 6 minutes
Objectifs d'apprentissage ✓ Définir les différents types de pollution et leur impact sur la biodiversité


Le cours : Impact des pollutions lumineuses sur la biodiversité


Europe vue de nuit - Planet Observer/UIG/Getty images
L'Europe vue de nuit (© Planet Observer/UIG/Getty images)
Dans cette première partie, nous nous concentrerons sur un type de pollution en particulier : la pollution lumineuse, qui a un impact direct sur la biodiversité et le comportement des êtres vivants face à cette pollution.

Elle englobe l’ensemble des sources de lumière artificielle qui dégradent les cycles de la lumière naturelle (jour/nuit et saisons) et modifient la composante nocturne de l’environnement. Cette pollution croit très rapidement à travers le monde, de 6% par an en moyenne, et, dans certaines régions, l’obscurité n’existe plus. La pollution lumineuse impacte négativement le vivant.

Europe vue de nuit - Planet Observer/UIG/Getty images
Insectes attirés par un lampadaire (©http://culturesciencesphysique.ens-lyon.fr)
Près de 30% des vertébrés (mammifères, oiseaux …) et 65% des invertébrés (insectes…) sont exclusivement ou partiellement nocturnes. En leur envoyant des signaux lumineux contradictoires, la pollution lumineuse induit chez les animaux une représentation spatiale et temporelle dégradée de leur environnement. Par son rôle attractif ou répulsif, elle perturbe leur orientation. Vous avez tous constaté l’attraction des insectes nocturnes (moustiques, papillons, mouches et coléoptères …) qui se retrouvent piégés ou carbonisés sur les lampes et réverbères.

Les oiseaux sont également impactés. La majorité des oiseaux migrateurs se déplace la nuit, et s’oriente grâce à la position des étoiles. En pénétrant la nuit dans les dômes lumineux qui se forment au-dessus des villes, ou éblouis à cause des lumières artificielles provenant d’édifices tels que les phares, les tours, les plates-formes pétrolières… Ils sont désorientés et subissent des mortalités importantes dues à des collisions directes.

Certaines espèces de batraciens chassent avec une intensité lumineuse très faible, d’autres au contraire préfèrent des intensités plus fortes. Une homogénéisation de l’intensité lumineuse par un éclairage artificiel modifie les comportements de chasse, génère des compétitions entre espèces, ou encore modifie le rapport entre les proies et les prédateurs.


Europe vue de nuit - Planet Observer/UIG/Getty images
Source : Figure modifiée d’après Rich & Longcore, 2006


Le cours : Impact des pollutions chimiques sur la biodiversité


Nous aborderons dans cette seconde partie plus succincte la pollution chimique, qui est souvent évoquée comme la cause majeure du déclin de la biodiversité.

Pour et par ses nombreuses activités industrielles, domestiques et agricoles, l’Homme génère, utilise et relargue dans l’environnement de très nombreux composés chimiques inorganiques (métaux …) ou organiques (hydrocarbures, organochlorés, pesticides, perturbateurs endocriniens…). Les concentrations en polluant dans l’ensemble des milieux naturels marins et continentaux sont souvent faibles, sauf en situation accidentelle, mais ces composés peuvent impacter durablement les êtres vivants.

Europe vue de nuit - Planet Observer/UIG/Getty images
Utilisation de pesticides
© G. Paillard, INRAE
Les polluants chimiques exercent dans certaines situations une toxicité aiguë et immédiate sur les individus exposés, qui peut conduire à une mortalité rapide. Mais les mécanismes de toxicité chronique, différée, liée à l’exposition sur le long terme des animaux à de faibles concentrations de polluants, sont majoritaires et préoccupants.

Dans ce contexte, la question de l’utilisation des pesticides par l’agriculture conventionnelle est particulièrement d’actualité. Vous en entendez régulièrement parler dans les médias. Ainsi, on estime que la biomasse d’insectes volants a chuté de 75 % durant les 30 dernières années, et que le déclin des populations d’abeilles et d’oiseaux en Europe est essentiellement dû à l’utilisation des pesticides.

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